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6 août, 22:08
Anik St-Pierre chante en dehors de la proverbiale boîte. Cette expression dont on gratifie les gens qui innovent et surprennent sied bien à la chanteuse de Shawinigan et à sa voix franchement exceptionnelle.
Elle fait son chemin bien à elle, elle défie l’industrie et ses boîtes de production trop souvent prétentieuses. Son premier album si longtemps attendu est le fruit bien mûr d’une maturation remarquable de plusieurs décennies et de la participation du public.
À coups de 20$, le vrai monde a financé un « disque » dont il n’avait rien entendu et qui n’aura coûté que 10 000$. C’est ce que nous a raconté la chanteuse lors de son lancement ce jeudi aux installation du Trou du Diable de l’avenue de la Station. C’était mon premier contact plus officiel avec le milieu de la musique depuis la fin de ma carrière de 20 ans comme gérant et producteur, surtout d’Éric Lapointe, en 2008.
Lors d’un très bref échange, je n’ai pu m’empêcher de glisser à Anik St-Pierre que sa voix est presque trop parfaite: puissance, émotion, couleur, justesse, versatilité, tous les ingrédients s’y conjuguent… sauf la douleur. Elle est trop heureuse ce soir avant d’aller chanter encore devant les festivaliers du Sud en Fête. Dans une présentation de musiciens et de collaborateurs d’expérience qui flirtait avec le « namedropping » (France D’Amour, Céline Dion, Hugo Lapointe, Roch Voisine, Marc Dupré…), Anik St-Pierre a bien prouvé qu’elle a bourlingué, qu’elle en a arraché, qu’elle s’est construite en se frottant aux meilleurs et que le bonheur de chanter est à ses yeux bien plus important que le succès et le commerce.
Ses proches se sont étonnés d’un « virage » country, dit-elle. La pochette est résolument country, sympa, sans prétention. Bottes et brins d’herbe. La musique l’est par moments grâce à la simplicité des rythmes, le violon ou la steel guitar, mais Anik St-Pierre demeure une chanteuse populaire. Sa relecture de « I will always love you » popularisée par Withney Houston en est une preuve stupéfiante. Toutefois, un album qui n’existe pour l’instant que sur l’archaïque support CD en attendant de recevoir les faveurs des iTunes de ce monde, et dans une région qui demeure très attachée au country, a tout intérêt à interpeller ce « marché » de vrai monde. On reste loin du soleil qui dit bonjour aux montagnes comme de l’exploration americana qui a donné de beaux moments avec Roch Voisine. On reste près du plaisir avec une belle production, des sourires, des rythmes… de la musique pour la musique.
Vous avec mordu les coussins du divan en regardant La Voix et ses surenchères abrutissantes? Moi aussi. La faute à ma femme et à l’ami Lapointe. Sachez quand même que vous avez dans votre cour arrière une chanteuse qui fait facilement la barbe à ces rêveurs de téléréalité sollicités à grands coups de poings sur le gros bouton rouge.